Un événement plus difficile à vivre qu'autrefois
Il y a quelques dizaines d'années, faire une fausse-couche faisait partie de l'ordre des choses. Aujourd'hui, la donne a changé.
Nous sommes davantage dans l'illusion de la maîtrise de la vie. Les tests de grossesse sont de plus en plus précoces, l'échographie permet de visualiser l'embryon ou le foetus... Dans le cas d'une aide médicale à la procréation, on connaît quasiment la date de conception. Ces nouvelles techniques permettent de savoir plus rapidement qu'on est enceinte, elles rendent aussi le bébé « plus réel ». La perception de la vie se manifeste de plus en plus tôt mais celle de la mort aussi. Conséquence : les fausses couches sont peut être plus difficiles à vivre que jadis.
Reconnaître l'existence du bébé
Par maladresse, l'entourage médical ou familial n'est pas toujours à la hauteur. Le bébé est nié, or, si celui-ci n'a pas vécu, il a existé. C'est cette reconnaissance qui permet de faire la place au suivant. Souvent le décalage se fait à l'intérieur même du couple. Le compagnon, bien qu'il souffre aussi, n'a pas vécu cette expérience dans son corps. Et, la plupart du temps, il ne s'est pas encore imaginé en tant que père. Il propose quelquefois « d'en refaire un tout de suite », paroles qu'une femme ne peut pas entendre dans l'immédiat. Après une fausse couche, il ne faut pas hésiter à demander à son médecin les explications nécessaires pour comprendre ce qui s'est passé.
Le travail de deuil
Mais quelles qu'en soient les causes, une fausse couche entraîne toujours une douleur morale et la nécessité de faire un deuil. Mettre des mots sur cet événement est très important, cela permet de se détacher de cet épisode douloureux pour le dépasser. Car la souffrance ne doit pas être gommée, sinon elle risque de rejaillir un jour ou l'autre, parfois sous forme de somatisation (migraine, troubles du sommeil...). Relativiser cet événement, c'est faire un grand pas dans la guérison. L'entourage ou le corps médical ont un rôle à jouer : écouter et laisser parler sans juger. Une aide psychologique peut être envisagée, une seule consultation suffit parfois.